30 Nov 2013, 18:56
une famille d'Américains moyens dans une banlieue tranquille, juste après dîner. Le père lit le journal du soir, sans se douter le moins du monde de ce qui va arriver. La mère fait la vaisselle, sans savoir que son petit univers va exploser en débris atomiques dans quelques secondes. Les enfants font leurs devoirs, dans leur chambre, pour la dernière fois. La force la plus terrifiante jamais créée par l'homme s'apprête à déferler sur eux…
Cinq… Quatre… Trois… Deux… Un"
Sur l'image suivante, une espèce de tornade blanche d'une puissance inouïe s'engouffra dans la pièce. Les corps se désarticulèrent en accéléré. On vit des têtes, des bras et des jambes tournoyer un instant avant de disparaître. En un éclair, cette maison sereine s'était transformée en un magma rugissant de lambeaux de chair déchiquetée, de bois broyé, de briques liquéfiées et d'éclats de verre. Tout pris feu et fut aspiré par une espèce de trou noir qui sembla se dissoudre dans l'atmosphère torturée. Un long moment de silence pesant s'ensuivit, l'atroce déflagration s'amenuisant en doux écho surnaturel de fin du monde.
La classe ne se montra pas particulièrement impressionnée par ce film catastrophe. Pas la plus petite manifestation de peur ni d'étonnement. Les élèves ne se sentaient carrément pas concernés. Mais le narrateur poursuivait vaillamment son commentaire. Le film datait de 1955.
"Vous venez de voir de quelle façon l'énergie atomique peut détruire une société qui n'a pas encore appris à la maîtriser. Et c'est pour cette raison que nombre de nos contemporains se sont violemment élevés contre toute forme d'utilisation de cette énergie. Mais il est trop tard pour revenir en arrière, d'ailleurs les bienfaits qui en naîtront surpasseront de loin ses pouvoirs négatifs. Elle pourrait bien, un jour, remplacer l'énergie électrique classique…"
La majorité des lycéens n'écoutaient ce discours pontifiant que d'une oreille. Il faut dire qu'ils avaient déjà vu le film et qu'il était tard dans l'après-midi, l'attention se relâchait. Ils rêvassaient en silence, certainsonnant sur le dos de leur cahier… Le plus culotté et le plus débrouillard de la classe écoutait du rock au casque. Les yeux pratiquement fermés, il devait lutter pour ne pas battre la mesure avec son pied, mais il s'accommodait de cette légère frustration en chantonnant tout doucement les paroles.
Je veux qu'tu m'aimes…
"… Les savants pensent qu'avant l'an 2000, plus de la moitié des foyers des États-Unis fonctionneront à l'énergie atomique…"
Je veux te tenir dans mes bras… tout contre moi…
"Il y aura des voitures atomiques, avec un moteur de la taille d'une noix, des vaisseaux spatiaux qui pourront naviguer un an sans qu'on ait besoin de les recharger. Des engins interplanétaires sortiront enfin de la galaxie, ramenant ainsi la science-fiction à la réalité pure.
Donne-moi encore une chance… Allez, lève-toi, et accorde-moi cette danse…
"Nous n'échouerons pas."
Encore une dernière danse…
La musique du générique de fin s'arrêta, suivie par le petit bruit caractéristique des projecteurs de super huit… et par le solo aigu et dynamique :
Encore une dernière danse…
Une vingtaine de têtes pivotèrent en direction du chanteur. Malheureusement, l'une d'entre elles était celle de Mr Arky, le professeur de physique. Son intuition lui souffla qu'il ne pouvait s'agir que de Marty McFly, mais sa forte myopie l'empêchait de noter certains détails. Par exemple, il ne vit pas Marty ôter prestement ses écouteurs et les glisser dans le livre creux qui contenait un super walkman. Il ne remarqua pas davantage le sourire complice que le même Marty échangea avec Jennifer Parker, une adorable jeune fille de dix-sept ans.
- Qu'est-ce que c'était, McFly ? attaqua-t-il.
- Rien, monsieur. je disais juste que j'espérais qu'on nous accorderait une dernière chance.
- Évidemment !
Après l'incident, Mr Arky ne cessa de surveiller le jeune homme, prêt à lui fondre dessus au premier signe d'arrogance. Théoriquement, chanter en classe aurait dû suffire, mais pour une simple phrase, il pouvait passer l'éponge. A moins qu'il n'ait chantonné davantage… Arky se mit donc à fixer McFly de son air le plus sévère, espérant provoquer des aveux à retardement. Il n'obtint de la part du petit ange à la frange châtaine qu'un défi muet, mais affiché. Il y eut un moment de flottement, avant que Mr Arky trouve une sortie honorable… A court d'imagination, il enchaîna sur le film.
- Bon, comme vous avez tous pu le constater, on n'a pas toujours pensé que du mal de l'énergie atomique. Vous avez aussi…
Il fut interrompu par le son cristallin qui précédait toutes les annonces de l'établissement :
"On demande Marty McFly au bureau… susurra la voix d'aéroport. Un appel téléphonique urgent pour Marty McFly… On demande Marty McFly…"
- Ça doit être mon agent, glissa Marty à Jennifer, assez fort pour que tout le monde en profite.
Il se montra suffisamment adroit pour ne pas bouger de son siège avant d'y avoir été invité. Quand Arky lui fit signe de filer, il se leva prestement, ramassa ses bouquins, et disparut sans demander son reste.
Dans le large couloir qui courait entre les classes, il ne savait pas trop s'il devait se réjouir d'échapper à l'exposé rasoir, ou s'inquiéter de cet appel qu'on avait bien dit urgent. Qu'est-ce que le sort pouvait bien lui mijoter ? Un accident, une mort dans sa famille ? Depuis dix-sept ans, sa vie avait toujours coulé tranquillement, sans le moindre incident désagréable. Il n'avait fait aucun rêve prémonitoire ces derniers temps et de plus, il se voulait optimiste invétéré. Aucune raison, donc, de s'inquiéter. Pourtant sa belle humeur s'enraya subitement : "Et si l'audition de mon groupe de rock était annulée ?" C'était vraiment la seule calamité digne de ce nom qu'on puisse lui annoncer !
- Ahh ! Pourvu qu'ce soit pas ça ! gémit-il tout haut.
Et il s'aperçut qu'il s'était mis à courir.
Son groupe était tout pour lui. Le moyen d'exister très fort, de briller, de se faire des amis, d'influer sur les autres. Il savait pertinemment qu'il avait un talent fou, et que la possibilité de devenir une rock star n'était pas exclue, mais il avait l'impression de frôler le désastre pour mieux basculer d'un seul coup dans l'euphorie la plus inouïe… Là, il vivait des moments hyper intenses qu'il ne retrouvait nulle part. La seule idée de se rebrancher sur cette sensation de légèreté infinie l'excitait, il avait l'impression que sa musique envahissait l'espace, gommant toute autre réalité.
Bien sûr, il adorait Jennifer. Elle était très belle et ils s'éclataient bien ensemble… mais la musique comptait davantage pour lui. Peut-être que ça changerait dans l'avenir, mais pour l'instant, Jennifer et le groupe de rock étaient deux mondes bien séparés.
Le bureau de l'intendance était très calme, les secrétaires qui tapotaient toute la journée ne risquaient pas l'infarctus… ! On ne lui prêta pas la moindre attention quand il arriva. Au bout de trente secondes, bouillonnant d'impatience, il toussota pour s'éclaircir la voix.
- Il y a un appel urgent pour moi, risqua-t-il.
Une dame d'une cinquantaine d'années, plutôt replète, lui fit signe de prendre la communication sur son poste, et s'éloigna avec une politesse affectée, sûrement pour ne pas faire mine d'écouter une conversation privée.
C'est d'abord la voie autoritaire et désagréable de Gerald Strickland, le censeur, qui répondit à Marty à l'autre bout du fil pour lui passer son correspondant. Visiblement, vu le ton suspicieux du vieux râleur, Marty allait devoir se justifier. Ce cerbère quasi septuagénaire se prenait carrément pour un gardien de prison. Il savait parfaitement que les étudiants se payaient sa tête derrière son dos et qu'ils le considéraient comme un tyran. Mais devant lui, personne ne soufflait mot. Et il semblait goûter tout particulièrement ces moments où "ces petits frimeurs" voyaient leur univers menacé par un interrogatoire surprise. Le sadique intégral !
Espionnant le jeune homme derrière la porte entrouverte de son bureau, Strickland écouta la conversation sur son poste.
- Allô ? redit Marty, un peu agité.
- Marty, c'est moi ! fit l'autre voix.
- Doc !
Doc ? Le censeur s'en étrangla presque. Était-il possible qu'un médecin téléphonât à ce jeune crétin pour l'informer d'une urgence réelle ? Doc… Non, le surnom était trop familier pour qu'il ne s'agisse pas d'un copain de longue date. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien avoir d'aussi urgent à lui raconter pour l'appeler au lycée ?
- Je t'ai déjà mille fois d'jamais m'appeler ici, poursuivait Marty.
- Je sais, admit Doc, mais il fallait absolument que je te joigne.
- Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Tu verras. Écoute, est-ce que tu peux me retrouver à la ferme Peabody vers une heure et quart ?
- La ferme Peabody ? Mais c'est où, ça ?
- Excuse-moi ! Je veux dire au centre commercial !
Je continue à appeler cet endroit la ferme Peabody ! Mais je suppose que tu es trop jeune pour l'avoir connue.
Marty jeta un bref coup d'oeil à la pendule murale.
- Mais il est déjà plus d'une heure et quart ! s'étonna-t-il.
- Je veux dire une heure et quart du matin.
- En pleine nuit ?
- Oui.
Gerald Strickland sourit : quelle que soit "l'urgence" en question, elle aurait pu attendre l'heure de la sortie ! Il ne s'était donc pas trompé ! Il voyait toujours aussi clair dans les manoeuvres naïves de ces petits voyous !
- Mais pourquoi ? insista Marty.
- Je viens d'avancer d'un seul coup, et j'ai besoin de ton aide.
- Tu peux pas m'en dire un peu plus tout de suite ? demanda Marty, tout excité.
Le censeur en bavait de curiosité. Mais dans quoi ce garnement était-il allé se fourrer ?
Mais le dénommé Doc n'avait apparemment rien d'un pigeon. Il refusa de livrer la moindre information.
- Écoute, dit-il simplement, tu auras tous les détails en temps voulu.
- O.K., répondit Marty.
- Oh ! Marty, bonne chance pour ton audition de cet après-midi !
- Mais… ? Comment ? Tu étais au courant ?
Doc avait déjà raccroché.
Strickland raccrocha aussitôt, jaillit de son bureau, et rattrapa Marty qui poussait déjà la porte battante.
- Une minute, dit le censeur.
Marty s'arrêta et lui jeta un regard sans expression.
- Oui ?
- Tout va bien chez vous ?
- Ça va.
- Alors puis-je vous demander ce qu'il y avait de si urgent ?
- C'est trop compliqué à expliquer, éluda Marty.
- J'ai tout mon temps, répliqua l'autre, fielleux.
Marty déglutit longuement pour se donner le temps d'inventer un truc plausible.
- Voilà, j'ai une tante dans le Wisconsin. Et un oncle. Ils sont tous les deux à l'hôpital depuis leur accident de voiture il y a quinze jours. Mon oncle téléphonait pour me dire qu'on allait réopérer ma tante.
- Et ta soeur ? rugit Strickland.
- Pardon ?
- J'ai dit : "Et ta soeur !" Vous n'avez pas plus de tante et d'oncle dans le Wisconsin que moi de cousine tahitienne ! Il s'agissait d'un coup de fil personnel, McFly. Et vous savez très bien que les élèves ne peuvent utiliser la ligne de l'école qu'en cas d'urgence.
- Oui. Mais c'était très urgent. Dans un certain sens…
- Je ne pense pas, McFly.
- Bon, peut-être pas pour moi, mais pour la personne qui m'appelait.
- Ça ne change rien.
- Ah oui ? railla Marty. Et comment savez-vous que ça n'était pas important ?
- Parce que j'ai écouté toute la conversation sur mon poste, dans mon bureau.
Marty sentit ses oreilles chauffer.
- Mais c'est de l'espionnage ! tempêta-t-il. C'est carrément illégal !
- Ce n'est pas de l'espionnage, une légère indiscrétion tout au plus. Mais de toute façon, vous êtes actuellement au lycée, et la loi, c'est moi. Et toute personne qui ose vous appeler sans motif valable ne vous rend vraiment pas service. Dites à Doc de ma part qu'il ne s'est pas conduit avec vous en ami.
Marty resta un instant sans voix. Strickland en profita pour revenir à la charge, subitement porté par une intuition fulgurante.
- Ce n'était pas le professeur Brown, par hasard ?
La consternation qui se lisait sur le visage du jeune homme lui démontra qu'il ne s'était pas trompé. Il avait identifié l'interlocuteur - le prof Brown, dit "Doc" -, l'excentrique notoire de la ville, un enfant qui n'avait jamais grandi, selon Strickland.
- Laissez-moi vous donner un conseil, ajouta-t-il. Doc Brown est une vraie calamité. Un cas. Un homme dangereux, sans nul doute.
- Peut-être pour vous, répondit Marty. Moi, je ne vois pas les choses comme ça.
- Vous êtes inconscient, McFly, et vous vous croyez plus fort que les autres !
Marty restait imperturbable. Les remarques du vieux sadique, il n'en avait vraiment rien à faire. Voyant qu'il n'avait pas atteint son but, le censeur en rajouta.
- Vous êtes bien le fils de votre père, lâcha-t-il, méprisant. Un frimeur, doublé d'un flemmard !
Marty pâlit. Ce vieux rat avait touché la corde sensible. Ça le mettait toujours en boule qu'on le mette dans le même sac que son père. Si l'un de ses semblables s'était permis ce genre de réflexion, il l'aurait mouché sur-le-champ. Là, il était difficile d'en faire autant, et il se contenta de regarder ailleurs, l'air songeur.
- Excusez-moi, dit-il, mais je vais rater mon cours.
Il se retourna prestement et se dirigeait vers la porte quand Strickland le rattrapa et l'agrippa par l'épaule. Marty fut déséquilibré et en lâcha ses livres, qui tombèrent bruyamment par terre. Au beau milieu, son gros manuel de sciences naturelles s'était ouvert, et le walkman avait glissé hors de sa cachette.
Marty se précipité pour les ramasser, tentant de faire écran entre le walkman et le censeur. Trop tard, le vieux l'avait repéré.
- Vous connaissez le règlement, dit le sadique avec un mauvais sourire. Pas de matériel sonore dans l'enceinte de l'établissement. Vous aurez donc une semaine de colle.
Marty était vert. Il commença à protester puis se rendit à l'inévitable.
- Bien, monsieur.
- Une semaine de colle qui commence aujourd'hui, poursuivit l'affreux.
- AUjourd'hui ? s'étrangla Marty. Mais c'est impossible ! J'ai une audition avec mon groupe ! Il faut absolument que j'y sois à quatre heures !
Autant supplier un requin d'aller croquer ailleurs. Strickland fixait sa victime avec ses yeux chassieux traversés d'éclairs de jubilation intense.
- Une audition, hein ? Eh bien, il semblerait que vous fussiez sur le point de la rater.
- J'espère que tu aimes la viande ? lui demanda Stella.
"Il y a des choses qui ne changent jamais", songea-t-il.
- Oh oui, pas de problème, répondit Marty.
- Tu peux t'asseoir ici, lui proposa Lorraine en lui désignant la chaise voisine de la sienne.
L'assiette de Marty était déjà pleine de purée de pommes de terre, de macaroni, de fromage et de viande. La réplique parfaite de son menu de la veille en 1985 !
Tous commencèrent à attaquer le dîner, excepté Lorraine , qui se contentait de picorer, de trier, de faire la fine bouche. Marty se demanda à quel moment la chipoteuse était devenue boulimique.
La télé fonctionnait à plein régime. On était obligé de crier pour s'entendre. Marty regardait l'écran, fasciné. A un moment, un chirurgien apparut en gros plan et annonça, souriant : "Après avoir enduré la tension énorme de trois opérations d'affilée, j'ai besoin de me détendre. Alors, j'allume une Sir Walter Randolph. Je sais que mon pur tabac virginien me détendra les nerfs, me redonnera l'énergie nécessaire pour passer une agréable soirée…"
- C'est incroyable ! s'écria Marty malgré lui.
C'était la première fois de sa vie qu'il voyait un publicité pour des cigarettes. En 1985, tout le monde essayait d'arrêter de fumer, et ceux qui restaient "accros" au tabac avaient même un côté décadent, démodé.
- Ouais, l'image est parfaite ! s'enorgueillit Sam. Tu as raison, mon garçon, c'est incroyable !
- Je parlais de la pub pour les cigarettes, rectifia Marty.
- Et qu'est-ce qu'elle a d'incroyable ? demanda Lorraine.
- Bah ! Qu'un chirurgien incite les gens à fumer, ça vous paraît pas complètement dingue ? La cigarette donne le cancer du poumon, et un médecin en vante les mérites à la télé ! C'est fou !
- Euh, marmonna Sam. Pour le moment, ça n'est pas prouvé. Et si un toubib veut faire de la pub pour les cigarettes, c'est son droit.
- Mais c'est dangereux, et immoral ! protesta Marty.
- Ne sois pas stupide, répliqua Sam, hautain.
Ce ton suffisant irrita Marty.
- Ce genre de publicité sera interdite un jour, c'est tout ! annonça-t-il, assez fier de sa sortie.
Tout le monde le regarda comme s'il venait d'annoncer qu'un jour on fêterait Noël en été ! Seule Lorraine avait l'air d'apporter quelque crédit à sa prophétie.
- Je ne sais pas si c'est vrai, dit-elle, mais ce serait une bonne idée. Il y a trop de jeunes qui voient ces publicités, et qui finissent par croire que ça fait du bien de fumer.
Sam ne pouvait décemment plus s'enferrer dans son idée, aussi jugea-t-il opportun de faire dévier la conversation sur un autre sujet.
- Quand je pense qu'il y en a qui dépensent leur argent au cinéma, quand on peut voir tous les films qu'on veut pour rien, tranquille, chez soi ! s'exclama-t-il.
- Tu as la télé ? demanda Lorraine.
- Oui, répondit Marty. On en a deux.
Biff tourna les talons et s'esquiva.
- Oh, Marty ! cria Lorraine. Tu as été formidable.
Merci.
L'adolescent haussa les épaules.
- Quel nom, vous dites ?
C'était la voix familière de Mr Strickland, qui se tenait maintenant à côté de Marty.
- Marty
- Nom de famille ?
- Euh.. Brown.
- Eh bien, monsieur Euhbrown, écoutez donc ce conseil amical. Cessez de lanterner dans cette école.
- De lanterner, monsieur ?
- En langage argotique, cela signifie : arrêtez de semer la pagaille, compris ?
- Oui, monsieur. Merci, monsieur.
Strickland s'en alla alors que la cloche se mettait à sonner. Lorraine se leva, attrapa ses livres et se jeta quasiment sur Marty.
- Merci encore, Marty, dit-elle dans un sourire. On se voit plus tard ?
Cela ressemblait plus à une prière qu'à une formule toute faite. Marty hocha la tête, puis prétexta qu'il était en retard pour la quitter.
En rejoignant Doc Brown, il remarqua qu'une fois encore, George avait déserté le navire.
Il [ Marty ] se laissa tomber dans le vieux sofa défoncé qui disparaissait sous les vieux magazines, le courrier et les prospectus. Au sommet de la pile était posé un journal daté du 7 novembre 1955. En dernière page, un article [ qui devait être finalement le gros titre ] attira son attention. Il lut : Un fermier affirme qu'un "zombie de l'espace" a saccagé sa grange... Otis Peabody est actuellement en observation à l'asile du comté.
- Eurêka ! s'écria soudain Marty.
La tête de Doc Brown jaillit du moteur de la DeLorean.
- Tu as trouvé quelque chose ?
- Vous l'avez-dit ! Je sais comment forcer mon paternel à inviter Maman à cette soirée.
- Comment ?
- Je vais lui foutre une trouille d'enfer!
30 Nov 2013, 19:12
Ma foi... Grand-père George ne semblait pas très enthousiaste, ou bien lent à prendre une décision. Je ne sais pas, finit-il par articuler. Les sangles qui le maintenaient sur le fauteuil gémirent, tandis qu'il ramassait un objet par terre. Jennifer étouffa un hoquet de stupeur en voyant que c'était la photo encadrée de son mariage ! Mais le vieux George se contenta de la replacer sur l'étagère, sans même s'apercevoir qu'il la posait à l'envers !
Un beeper se mit à sonner, et un voyant rouge s'alluma dans chacune des lunettes des adolescents. Marty baissa les yeux vers la lumière clignotante dans la pochette de sa chemise. C'était donc le sien qui sonnait ?
- Papa ! crièrent de concert Marlène et Junior. Téléphone ! C'est Needles !
Marty se leva et coupa la sonnerie. Il se sentait soudain la gorge sèche, et il lui semblait que tous les regards étaient tournés vers lui, même ceux de ses enfants derrière leurs lunettes opaques. S'il ne se trompait pas sur la nature de cet appel, il avait besoin d'intimité.
- Je vais prendre la communication dans le living, dit-il en faisant coulisser la porte derrière lui.
Il s'arrêta un instant devant une glace pour rajuster ses cravates et s'assurer qu'il n'était pas décoiffé. Il avait une importante décision à prendre, une qui pouvait changer bien des choses, et pour le meilleur, espérait-il. Peut-être allait-il enfin remonter la pente, et offrir à Jennifer la vie qu'elle méritait. Si seulement cette affaire n'avait pas été aussi risquée... Marty jeta un dernier regard à son image dans le miroir. Il tenait à être correctement mis en parlant à Needles.
Il se hâta vers le grand écran-vidéo.
Quoi ? Il secoua la tête, cligna les yeux.
L'impression avait été très fugitive, mais il lui semblait avoir aperçu du coin de l'oeil la tête de Jennifer l'épiant par la porte entrebâillée de la salle de bains ! Ce devait être la tension et la nervosité qui lui jouaient des tours, se dit-il. Il ramassa la télécommande et effaça la nature morte occupant l'écran.
Doc aperçut enfin devant lui le grand panneau de Lyon Estates, le futur quartier résidentiel de Hill Valley. Il avait les jambes lourdes comme du plomb. Il avait l'impression d'avoir pédalé toute la journée. A la réflexion c'était effectivement ce qu'il avait fait, non ? Mais que se passait-il ? Il y avait deux véhicules rangés devant le panneau. Quelqu'un avait-il découvert la DeLorean ? Doc oublia ses misères musculaires. La peur avait pris le relais, et il se mit à pousser de toutes ses forces sur les pédales.
Comme il se rapprochait, il vit que le premier véhicule, une camionnette, portait le nom de "Ranch des Deux Pins", peint grossièrement sur le flanc. En dessous, on pouvait lire "Otis Peabody, propriétaire." Ah oui, le vieux Peabody, arboriculteur de son état. Sa présence laissait présager le pire. Surtout quand l'autre véhicule appartenait à la police !
Doc s'arrêta sur sa bicyclette à quelques pas des deux hommes.
Peabody, homme sec et nerveux, le fusil dans une main, un magazine dans l'autre, s'adressait au policier avec force gestes.
- C'était une soucoupe volante, j'vous le dis ! criait-il. Descendue de Pluton ! Exactement comme celle-ci ! Il agitait le journal sous le nez de l'autre, et Doc remarqua avec amusement qu'il s'agissait d'un illustré pour la jeunesse, "CONTES DE L'ESPACE" !
Le policier, d'un caractère placide, paraissait sceptique.
- Je l'ai vue descendre ! Juste quand le jour se levait ! insistait Peabody.
Bon sang ! pensa Doc. Une soucoupe volante ! A l'aube. Ce ne pouvait être que la DeLorean ! Mais à en juger par ce qu'en disait le vieux Peabody, la voiture n'avait pas été encore découverte. Et dire qu'elle se trouvait juste derrière le panneau !
- Mais je vous dis qu'il n'y a rien dans le coin qui ressemble à ce que vous racontez, monsieur Peabody, répondit le policier. Vous vous êtes fait des idées.
Peabody secoua énergiquement la tête.
- Non, mon beau monsieur ! Cet engin de malheur a atterri quelque part par ici. Et c'est le même bandit de l'espace qui a démoli ma grange la semaine dernière. C'est pourquoi je vais rester ici, à l'attendre de pied ferme. Il brandit son fusil. Et je vais en faire une passoire, de cet extra-terrestre !
Rester ici ? Faire une passoire de qui ? Doc descendit de son vélo et s'approcha nonchalamment des deux hommes.
- Bonsoir, messieurs ! lança-t-il en leur souriant. Vous parliez bien d'une soucoupe volante ? demanda-t-il au fermier. Moi aussi, je l'ai vue, figurez-vous ! Il désigna la direction d'où il arrivait. Je l'ai vue il y a quelques minutes à peine, et elle a filé de l'autre côté de la ville !
Peabody grogna de satisfaction. Il savait bien qu'il n'avait pas rêvé !
- Merci bien, monsieur ! dit-il à Doc en se hâtant de monter dans sa camionnette. Allez, pieds plats, lança-t-il au policier, dépêchons-nous avant que ce diable nous échappe !
Le policier courut à sa voiture, tandis que Peabody démarrait déjà.
Doc attendit que les deux véhicules eussent disparu pour regarder non sans appréhension derrière le panneau publicitaire.
Ouf ! Elle était bien là, leur précieuse machine.
Puis il s'inquiéta de ce que devenait Marty.
Le temps passait, et même pour Doc Brown, cela avait parfois de l'importance.
Monsieur Fusion était enfin rempli. Doc s'installa au volant et programma leur date de retour en l'an 1985, jugeant préférable de le faire maintenant. Les difficultés rencontrées par Marty les obligeraient peut-être à un départ en catastrophe, et il valait mieux se tenir prêt. Il démarra la DeLorean, et la voiture s'éleva doucement au-dessus du sol. L'instant d'après, il était à quelques mètres au-dessus du panneau publicitaire, quand il vit une camionnette arriver sur la route. Le véhicule s'arrêta brutalement, et Doc reconnut le vieux fermier Peabody dans l'homme qui sautait à terre, son fusil de chasse à la main !
Le savant jugea prudent de l'éloigner au plus vite avant de se faire tirer comme un oiseau. Il piqua vers le sol et redressa brusquement pour remonter dans les airs, arrachant au passage les banderoles accrochées en travers de l'entrée de Lyon Estates. Bof ! se dit-il, cela était sans importance. L'essentiel était de filer sans prendre de plomb dans l'aile. Il accéléra en direction de la ville, une traîne de petits drapeaux multicolores derrière lui.
- Reviens ici, espèce de vermine ! hurla le vieux Peabody.
Mais la DeLorean, même à moins de cent quarante kilomètres à l'heure, était déjà loin.
30 Nov 2013, 19:13
'And it's been buried here for seventy years, two months and thirteen days!' Doc exclaimed in wonder. 'Astounding!'
Marty grabbed the camera and took another flash photo.
Doc leaned close to the car. The metal seemed unharmed by the car's long stay underground, but, when he touched a tyre, the rubber cracked beneath his fingers, flaking off and crumbling into dust.
« Dire que ça fait soixante-dix ans, deux mois et treize jours qu'elle est enterré là » s'exclama Doc, émerveillé. « C'est renversant ! »
Marty saisit l'appareil et prit une autre photo.
Doc s'approcha de la voiture. Le métal semblait intact malgré le long séjour sous terre de la DeLorean mais, quand il toucha un des pneus, le caoutchouc se fissura sous son doigt, s'émietta pour finalement tomber en poussière.
FRIDAY, SEPTEMBER 4 1885
It had been well after midnight by the time Doc and Marty drove into town. The streets were dark and empty, they had thrown a dropcloth over the top of the car, and Doc had even devised these special covers for the tyres that looked like wagon wheels, all to make the DeLorean look more like a wagon - a particularly lumpy wagon, maybe, but a wagon nonetheless.
Doc drove the team and the DeLorean right into his barn, and, after closing the door against any possibility of prying eyes, announced that they should both get a good night's sleep. They had to be alert in the morning to continue their experiments. Good old Doc. Marty should never have doubted him for a moment. If there was a fast idea to be had, the inventor would have it.
VENDREDI 4 SEPTEMBRE 1885
C'est bien après minuit que Doc et Marty arrivèrent en ville. Les rues étaient sombres et vides, ils avaient jeté une bâche sur le dessus de la voiture, et Doc avait même imaginé des caches spéciaux pour les pneus, en forme de roues de chariot, tout cela afin que la DeLorean ressemble davantage à un chariot - un chariot certes particulièrement bosselé, mais à un chariot tout de même.
Doc conduisit l'équipage et la DeLorean directement dans son atelier, et, après avoir fermé la porte à toute possibilité de regard indiscret, annonça qu'ils avaient tous les deux besoin d'une bonne nuit de sommeil. Ils leur fallait être alertes le matin pour continuer leurs expérimentations. Ce bon vieux Doc. Marty n'aurait jamais dû avoir douté de lui un instant. Si jamais il y a une idée rapide à avoir, l'inventeur l'aura.
14 Déc 2013, 11:06
14 Déc 2013, 15:49
14 Déc 2013, 16:10
bastien13 a écrit:C'est moi ou l'image de "marty quitte sa chambre" n'est plus fonctionnel ?
Edit: Apparemment c'est moi sous firefox j'ai rien.
14 Déc 2013, 18:02
14 Déc 2013, 18:06
Manu R. McFly a écrit:Merci RémiJe suis sûr qu'il y en a encore plein d'autres qu'on n'a jamais vu (et qu'on ne verra peut-être jamais d'ailleurs...)
14 Déc 2013, 18:55
14 Déc 2013, 21:11
Jon 16VT a écrit:-Et dans le 3, en 1885 une scène de nuit ou on voit Marty et Doc assis sur ce qui semblerait etre la Delorean camouflée pour une sorte de bache.
14 Déc 2013, 22:00
zOrg a écrit:Ca ne fait aucun doute, et ça sera pareil en 2025 pour les 40 ans et la nouvelle norme de support vidéo en vigueur à ce moment là...
Et vous savez quoi ?
ON RACHETERA !
14 Déc 2013, 23:59
15 Déc 2013, 04:17
15 Déc 2013, 15:51
15 Déc 2013, 16:41
15 Déc 2013, 18:29
bastien13 a écrit:Ensuite cette photo il y a Match, Skinhead et 3-D je ne sais pas si c'est une scène coupée mais ils apparaissent devant le Casino de Biff.
15 Déc 2013, 20:37
15 Déc 2013, 23:15
Rémi L. Brown a écrit:Si quelqu'un peut fournir l'extrait du roman, je sais que cette scène y est.
16 Déc 2013, 20:40
Ma foi... Grand-père George ne semblait pas très enthousiaste, ou bien lent à prendre une décision. Je ne sais pas, finit-il par articuler. Les sangles qui le maintenaient sur le fauteuil gémirent, tandis qu'il ramassait un objet par terre. Jennifer étouffa un hoquet de stupeur en voyant que c'était la photo encadrée de son mariage ! Mais le vieux George se contenta de la replacer sur l'étagère, sans même s'apercevoir qu'il la posait à l'envers !
16 Déc 2013, 21:11
17 Déc 2013, 17:46
Jon 16VT a écrit:A propos de novélisation, ça a été fait pour les 3 films?
18 Déc 2013, 08:23
Rémi L. Brown a écrit:Jon 16VT a écrit:A propos de novélisation, ça a été fait pour les 3 films?
Il y a eu une novélisation pour chaque film : celle de RVLF a été écrite par George Gipe et celles des deux autres films ont été écrites par Craig Shaw Gardner. Les deux premiers romans ont été traduits en français mais pas celui du troisième épisode.
18 Déc 2013, 13:29
Vydok a écrit:Rémi L. Brown a écrit:Jon 16VT a écrit:A propos de novélisation, ça a été fait pour les 3 films?
Il y a eu une novélisation pour chaque film : celle de RVLF a été écrite par George Gipe et celles des deux autres films ont été écrites par Craig Shaw Gardner. Les deux premiers romans ont été traduits en français mais pas celui du troisième épisode.
Ce ne serait pas plutôt l'inverse: le premier n'a pas été traduit contrairement aux deux autres? Je dis ça parce que je possède le II, j'ai déjà vu le III mais jamais réussi à toruver le I...
18 Déc 2013, 13:43
Vydok a écrit:[Ce ne serait pas plutôt l'inverse: le premier n'a pas été traduit contrairement aux deux autres? Je dis ça parce que je possède le II, j'ai déjà vu le III mais jamais réussi à toruver le I...
18 Déc 2013, 14:52
Rémi L. Brown a écrit:Vydok a écrit:[Ce ne serait pas plutôt l'inverse: le premier n'a pas été traduit contrairement aux deux autres? Je dis ça parce que je possède le II, j'ai déjà vu le III mais jamais réussi à toruver le I...
Non, c'est bien le III qui n'existe pas en français.
19 Déc 2013, 08:37
Manu R. McFly a écrit:Rémi L. Brown a écrit:Vydok a écrit:[Ce ne serait pas plutôt l'inverse: le premier n'a pas été traduit contrairement aux deux autres? Je dis ça parce que je possède le II, j'ai déjà vu le III mais jamais réussi à toruver le I...
Non, c'est bien le III qui n'existe pas en français.
(et je reste persuadé de l'avoir vu un jour...même si tout prouve qu'il n'a jamais.... existé)
20 Déc 2013, 21:09
20 Déc 2013, 21:30
20 Déc 2013, 21:53
Pastounet a écrit:Taxi, suivez cette DeLorean !
Rémi L. Brown a écrit:
Cette image (qu'on peut considérer comme rare) est un scan d'une carte Topps pour la promo de RVLF 2.
20 Déc 2013, 22:09
20 Déc 2013, 22:44
20 Déc 2013, 23:18
Rémi L. Brown a écrit:Cela pourrait illustrer la très courte scène de "Pincez-moi".
27 Déc 2013, 17:35
27 Déc 2013, 19:14
Jon 16VT a écrit:Sur le sujet sur 1985A, il y a la photo d'une scène en 1985A ou Marty rencontre une femme que l'on suppose être Jennifer ou Lorraine, sa mère. On ne peut pas trop savoir vu que la femme est de dos.
C'est sûrement une scène coupée.
27 Déc 2013, 19:38
27 Déc 2013, 20:35
27 Déc 2013, 20:39
29 Déc 2013, 23:46
30 Déc 2013, 00:29
30 Déc 2013, 01:20
bastien13 a écrit:"- Mais… ? Comment ? Tu étais au courant ? "
What ? Depuis quand Marty tutoie Doc ?
"- Laissez-moi vous donner un conseil, ajouta-t-il. Doc Brown est une vraie calamité. Un cas. Un homme dangereux, sans nul doute. "
Calamité ? Tocard c'est pas mieux ?
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