un copier-coller interessant du site http://www.jfk-fr.com/ le message date du 13 septembre 2002 :
-------------------------------------
"Une chose est certaine : aucun Américain n'oubliera ce jour." Ce mot d'un journaliste américain, prononcé le 22 novembre 1963, reste d'une terrifiante actualité. Quoi qu'il arrive, personne ne pourra oublier la seconde à laquelle la nouvelle des raids aériens sur des centres névralgiques et symboliques de la Nouvelle-Angleterre a éclaté.
Le terme de "Pearl Harbor" a été employé pour qualifier cette attaque. Inattendue, spectaculaire, sanglante, audacieuse, sophistiquée, l'agression remplit tous les critères qui ont fait du raid japonais sur la base américaine d'Oahu un événement majeur de l'histoire du XXe siècle. La comparaison pourrait être poussée plus loin : comme à Pearl Harbor, les services de renseignements américains ont été incapables de prévoir une telle opération. D'abord parce que l'ennemi a réussi à l'entourer de la discrétion requise. Ensuite parce qu'une série de négligences - hélas habituelles - a paralysé le système de prévention.
Pourtant, l'ampleur du choc moral appelle une autre comparaison. L'affaire Kennedy, précisément.
Lorsque le premier flash d'UPI éclate à Dallas à 12 h 34, ce 22 novembre 1963, le Président s'est fait abattre il y a moins de quatre minutes. Le célèbre journaliste Walter Cronkite apparaîtrait sur les écrans de CBS dès 12 h 40 (13 h 40, heure de la côte Est). Lorsqu'il annonce le décès de Kennedy, après 13 h 30, sa voix se brise. Il se reprend et annonce la prestation de serment de Lyndon Johnson, devenu de fait 35e Président des Etats-Unis.
L'Amérique est sous le choc. Partout, des gens se mettent à pleurer, sans retenue. Mêmes scènes à l'étranger, en France, en Allemagne (particulièrement Berlin-Ouest), en Grande-Bretagne, en URSS même. Plus rares, quelques scènes de joie : à Amarillo, une vingtaine de lycéens en liesse hurlent leur joie à l'annonce de la mort du Président ; comportement similaire d'écoliers d'une classe de 7e d'une école des faubourgs de Dallas, ainsi que dans une douzaine d'autres écoles ; dans une ville du Connecticut, un médecin s'exclame avec joie : "La rigolade est finie ! Voilà un truc que papa Joe ne pourra pas arranger !" ; à la Nouvelle-Orléans, un activiste d'extrême-droite, Guy Bannister, fait savoir à son collègue Jack Martin qu'il ne comprend pas tous ces débordements d'émotion pour celui qu'il considère comme un "traître".
Ces comportements sont néanmoins des exceptions - et l'on s'attachera même à les diminuer, notamment pour le cas des écoliers et des lycéens. A l'étranger, il n'y aura guère que certaines factions chinoises publiquement représentées qui laisseront éclater leur joie : "Kennedy a mordu la poussière", telle est la légende d'une caricature d'un quotidien communiste de Pékin.
Les sentiments qui prédominent relèvent plus de la honte que de la volonté de vengeance, d'autant qu'un suspect vient d'être appréhendé dans la journée. Désormais, l'attention se focalise sur lui. Les policiers de Dallas ne font rien pour maintenir le principe de la présomption d'innocence. Les journalistes, à la recherche d'un sujet, se jettent sur lui. L'opinion publique, influencée par les médias, tétanisée par l'assassinat, le déclare coupable. Lee Oswald sera abattu par Jack Ruby deux jours plus tard : peu regretteront cette mort - ce juste châtiment.
A toute tragédie, un responsable. Lee Harvey Oswald a été livré en pâture à des forces policières, des médias et un peuple qui n'attendaient que ça. Bien que manquant d'informations, nombre de gens avaient déjà condamné le suspect, désigné et par la police et par la presse. Des rumeurs se répandent comme une traînée de poudre : l'individu serait un jeune communiste, un névrosé. Naïveté, paresse intellectuelle, choc provoqué par l'attentat, bouleversement des consciences, expliquent ce comportement. Ce qui faciliterait singulièrement la tache de la Commission Warren des mois plus tard...
Les conspirateurs avaient-ils escompté un tel mouvement de l'opinion ? Peut-être pas. Le moins que l'on puisse dire, c'est que leur choix de livrer un "pigeon", si possible secrètement affilié au FBI et à la CIA - ce qui obligerait ces agences à les couvrir et se couvrir elles-mêmes, aux dépends de la vérité - a été un véritable coup de génie. Innocent ou coupable, assassin ou complice, Lee Oswald devenait l'ennemi public numéro 1. Son assassinat par Ruby le 24 novembre 1964, alors que Kennedy se fait enterrer en grande pompe à Arlington, prendrait des allures d'exécution.
Force est d'admettre que l'Histoire, en l'occurrence, se répète, sinon bégaie. Voici un quadruple attentat particulièrement odieux, monté cette fois avec des moyens importants, et un individu, un maestro du terrorisme international, est désigné comme étant le nouvel ennemi à abattre. Comme pour Oswald, Bin Laden est déjà déclaré coupable, alors que les jets viennent de s'écraser sur les Twin Towers et le Pentagone, manquant de peu la Maison-Blanche. Que ce terroriste soit une crapule, qu'il dirige une organisation efficace, ou plutôt une nébuleuse de groupes entraînés et fanatisés, ne change rien à l'affaire. Pendant un certain temps, aucune preuve de son implication n'a été avancée. Depuis ce mardi 11 septembre 2001, ce ne sont que rumeurs, affirmations invérifiables et a priori qui l'ont emporté. Mises bout à bout, des informations qui n'ont en soi rien à voir entre elles ne font que troubler un peu plus la réflexion : le FBI déclare 50 personnes arrêtées, puis 17. Des indices impliquant des milieux arabes auraient été découverts. En moins de deux jours, le FBI aurait déjà résolu le crime... Une enquête trop rapide pour être honnête ? Il y a fort à parier que bien des exagérations ont été commises. Que des arrestations sont parfaitement inutiles. Le FBI se comporte désormais comme s'il s'agissait de faire oublier son échec relatif aux raids. Il n'est cependant pas certain que la Justice y trouve son compte - mais l'opinion ne devrait pas, dans son ensemble, y trouver à redire.
Bin Laden est montré du doigt par les médias. Ces derniers, à peine une heure après les crashes, montraient d'ailleurs des images de Palestiniens en liesse à Jérusalem Est - images inconvenantes qui ne pourraient que renforcer l'hostilité des Occidentaux à l'encontre des Arabes. Bin Laden viendrait après - nécessité de trouver un génie du crime oblige. Il *peut* avoir été le commanditaire de l'opération, certes. Mais à l'heure actuelle, rien - rien - ne le prouve. Sinon une espèce de logique qui voudrait que seule une organisation sophistiquée ait pu réaliser ces massacres. Avant même le verdict de la Justice et de l'Histoire, avant même qu'il y ait une véritable enquête, le monde a trouvé un coupable, un ancien allié de la CIA contre l'URSS en Afghanistan, désormais proclamé Hitler du terrorisme, comme jadis Nasser, Khomeiny et Saddam Hussein.
Loin de moi l'idée de défendre ce terroriste. Mais il me semble intéressant de souligner qu'après de telles catastrophes un bouc-émissaire se doive d'être livré au lynchage médiatique dans les heures qui suivent. A cet égard, le parallèlisme des formes entre le 22 novembre 1963 et le 11 septembre 2001, entre un obscur ex-marine prétendu marxiste baptisé Oswald et un ponte du terrorisme international nommé Bin Laden, reste saisissant.
-------------------------------------
@+
FAB
|