Lu dans Allocine.com, la critique négative d'un certain Elbé:
"Ce film est indubitablement bien fait : il présente de belles images, des acteurs pour la plupart bons et des scènes d’action très réussies ; soit un mélange suffisant pour faire passer un bon moment de divertissement au plus grand nombre et un bon moment de nostalgie aux fans de Star Wars . Moi-même, plutôt bon public en général, ai passé un bon moment en regardant le film. Cependant, ce film m'a laissé un arrière-goût amer et la nette impression que les studios prennent les gens pour des cons. Force est de constater que ce fameux épisode VII, comme on pouvait le craindre, n’est qu'un simple film commercial, à l’instar des nombreux films de super-héros des dernières années (bootés et rebootés, préquélisés et séquélisés, etc.) ; réalisé pour plaire au plus grand nombre et ramener un maximum d’argent dans les caisses de Disney, dans le but d’amortir le plus rapidement possible les droits de la saga rachetés récemment à prix d’or. J’imagine bien la réunion initiale entre le producteur de Disney et la direction artistique du film. Le producteur de Disney, expérimenté et fortiche en marketing, arrive avec un cahier des charges inflexible et laissant peu de libertés : - « Bon, tout d’abord, il va falloir faire revenir les acteurs de la première trilogie, ça fait trente ans que les fans les attendent, et il va pas falloir les décevoir. Remettons du Solo, du Chewie, de la Leïa et allez soyons fous, du Luke Skywalker en point d’orgue. De plus, les gens aiment bien les robots – regardez Pixar qui a réussi à faire un film génial avec Wall-E – il va nous falloir mettre le paquet sur de nouveaux droïdes, qu’on soit créatifs et qu’ils soient drôles et touchants ; et puis bien entendu les gens voudront revoir C3PO et son pote R2. - Très bien, on peut mettre quelques nouveaux personnages quand même ? - Oui mais pas trop, et il va falloir qu’on retrouve chez ces personnages les mêmes valeurs que leurs aînés. Je vois bien une jeune femme en rôle principal - une jeune femme c’est pas mal, on nous reprochera pas de préférer des rôles masculins, et ça attirera une cible plus féminine – oui une jeune paumée sur une planète qui va devoir accomplir un destin extraordinaire. - Un peu comme le petit Anakin dans l’épisode I ou Luke dans l’épisode IV ? - Oui contentons-nous de répéter l’histoire, ne prenons pas trop de risques. Et mettez un black aussi - un black marrant, courageux et intrépide, auquel le public pourra facilement s’identifier. On ne voudrait surtout pas que le film soit boudé par la communauté noire. Ils n’ont eu que Mace Windu depuis le début de Star Wars, ils vont commencer à s’impatienter. Et un latino, il faut de tout pour faire un film à dimension internationale. J’aime bien Oscar Isaac, faites-lui enfiler un uniforme et il fera un parfait pilote chez les rebelles. - Chez les rebelles ? - Oui, il faudra nécessairement que les héros de l’histoire soient en infériorité numérique, submergés par une puissance quasi-invincible, et bringuebalés comme jamais par les péripéties. Je ne vous apprends rien sur les arcanes de la scénarisation. - Mmh. Justement, côté scénario, j’ai bien quelques intrigues à suggérer mais j’aimerais d’abord savoir quel est votre point de vue sur la continuité entre l’épisode VI et VII ? - De toute évidence, comme les personnages de l’épisode précédent seront de retour, on ne peut pas mettre plus de 30 ans d’écart entre les deux épisodes. Et comme je l’ai dit, il va falloir que nos héros se retrouvent dans une merde bien profonde. - Si je me souviens bien, à la fin de l’épisode VI, tout est bien qui finit bien, Dark Vador rejoint in extremis la Lumière, l’Empire est détruit, et Han Solo et Leïa se mettent en couple. Ça va être ardu de trouver une menace encore plus grande que l’Empire… Et ça va être coton de trouver un méchant aussi complexe que Dark Vador... - Oh, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. Mmh, tu disais que Solo et Leia étaient en couple à la fin de l’épisode VI ? Ils peuvent avoir une enfant qui a basculé vers le côté obscur, non ? Ça serait une bonne base de méchant sur laquelle tu pourrais travailler. Et puis pour cette histoire de continuité, on s’embête pas, on explique dans le texte inaugural que l’Empire est rené de ses cendres et menace de nouveau l’équilibre de la galaxie. La métaphore du phénix est régulièrement utilisé dans le cinéma fais-moi confiance, on change de nom à l’Empire et ça passera crème. - Donc on fait une sorte de reboot de la trilogie d’origine mais après l’épisode VI. Un post-reboot en somme. - En quelque sorte, mais pour des raisons de marketing et de communication, il ne faudra pas en avertir le public. - Mais comment les fans vont réagir en salle ? - Ils seront tellement contents de retrouver l’univers Star Wars qu’ils ne s’en rendront même pas compte. Moi je vois bien une étoile de la mort bis taille XXL que les rebelles doivent détruire pour survivre. - Heu une troisième étiole de la mort en 7 épisodes, les gens ne vont pas se lasser ? - Jamais deux sans trois. Et il faut que Solo meure. On ne peut pas prendre le risque que Harrison Ford, qui a déjà un pied dans la tombe, meurt entre le tournage de deux épisodes, ça nous mettrait dans de beaux draps… Et puis je vois bien sa mort comme un pic dramatique dans le film, histoire de faire comprendre aux fans que oui, on a les couilles de faire crever Solo et qu’ils doivent s’attendre à des surprises pour la suite. Ah oui et bien-sûr je – enfin les spectateurs - veulent revoir des combats de sabre laser, le Faucon Millénium et le masque de Dark Vador. - Des combats au sabre laser ? Mais il ne nous reste que Luke comme Jedi, c’est pas très sexy… - Vous trouverez bien un autre personnage qui dégotte un sabre laser pour lutter contre le méchant de l’histoire, non ? C’est très important, les fans s’attendront à un combat au sabre laser. - C’est noté. - Et va pas t’emmerder avec les décors, les modèles des vaisseaux spatiaux et les accessoires. On a racheté toute la franchise, on va faire des économies et ressortir du placard le plus de choses possibles. Soyez créatifs sur un nouveau droïde, et deux-trois décors supplémentaires, mais ne réinventez pas l’eau tiède concernant le reste. - Vous pensez à un réalisateur en particulier ? - J.J. Abrams. C’est un fan, il a déjà fait un paquet de fric sur le reboot de Star Trek, et du coup il s’y connaît bien en vaisseaux spatiaux. Et puis il sera bien docile parce que s’il se loupe, ce sera la fin de sa carrière. - Et Lucas dans tout ça ? - Il aura le droit de visionner le film une semaine avant le grand public. Dis-moi, tu penses qu’on pourrait faire revenir Yoda à la vie ? - Heu, ça me semble compromis, à mon avis. - Dommage, j’aurai bien aimé revoir cette petite boule de poils verte manier le sabre laser. Allez au boulot et pas le droit à l’erreur, des milliards sont en jeu. Je pense déjà à deux suites et une séries de films se passant entre l’épisode III et IV - et pourquoi pas à un spin-off sur Han Solo. » Et oui, vous l’aurez compris, ce film n’a pas été réalisé pour continuer à explorer l’immensité des possibilités que nous offre l’univers très riche de Star Wars. Il n’est que le premier film d’une longue série dédiée à cet univers, qui va générer des milliards de dollars au box-office et en produits dérivés. Alors je suis d’accord avec vous, il ne faut pas céder à l’angélisme : un film doit être rentable pour pérenniser la boîte qui le produit. Mais là, on sent tellement que les studios vont prendre un minimum de risques pour un maximum de profits. J’y croyais à peine quand, étant dans la salle, je voyais une nouvelle étoile de la mort, avec une nouvelle puissance de feu qui détruit des planètes (à partir de l’énergie tirée de l’aspiration d’un soleil en entier – WTF ça doit causer un beau bordel interstellaire) que des rebelles allaient détruire avec exactement les mêmes tactiques, les mêmes personnages, les mêmes vaisseaux, et le même QG que dans l’épisode IV. Je me suis dit à ce moment-là « Ils ne vont quand même pas nous refaire le même coup que dans l’épisode IV ? » Et bien si. On peut rajouter à ça quelques anomalies « fonctionnelles » : un seigneur sith entraîné qui galère à faire parler une pauvre jeune femme mécano, puis qui met cinq minutes à battre un stormtrooper au sabre laser, avant de se faire terrasser – mais pas tuer (il faudra bien le revoir dans l’épisode suivant) par cette même héroïne, qui aura, en l’espace de quelques heures, acquis autant de dextérité à utiliser la Force que Luke n’en aura jamais acquis... En rentrant chez moi après la séance, je songeais à 1000 scénarios possibles qu’on aurait pu tirer d’un univers aussi riche que Star Wars. Et je suis vraiment déçu que les producteurs se soient contentés de faire un copier-coller d’un épisode précédent et de recourir à la facilité pour justifier le retour de « l’Empire ». Quel dommage ! Il y avait mille façons de prendre un nouveau virage dans ce Star Wars, en y transposant par exemple des problématiques de notre société actuelle ou en travaillant de nouveaux thèmes axés sur les Jedi, qui pour le coup, eux, ont complètement disparu de l’histoire. Je croyais encore naïvement qu’il y avait quelques exceptions concernant les blockbusters, mais il faut se rendre à l’évidence, avec pour preuve ce Star Wars épisode VII, que les grands studios sont devenus d’excellents marketeurs et nous sommes devenus des cibles faciles. Les studios ont réussi leur coup et nous sommes allés voir le film, moi le premier. Lucas a quelque part vendu son âme au diable. La seule façon aujourd’hui de voir des blockbusters un tant soit peu ambitieux est de s’autoproduire, à l’image des films très réussis de Christopher Nolan. Pour moi la saga Star Wars aurait gagné en cohérence et en force (^^) à se limiter à l’histoire de Dark Vador, c’est-à-dire de l’épisode I à l’épisode VI. Dark Vador, qui, à n’en pas douter, doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe."
F-9000
,
lui aussi très déçu par l'Episode 7